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DE L’HOMME,

point à leur source, ni les hommes contre le courant rapide de leurs intérêts. Qui le tenteroit seroit un fou. De tels fous sont d’ailleurs en trop petit nombre pour avoir quelque influence sur la masse totale de la société. S’il ne s’agit que de former des citoyens vertueux, qu’est-il besoin à cet effet de recourir à des moyens impossibles et surnaturels ?

Qu’on fasse de bonnes lois, elles dirigeront naturellement les citoyens au bien général, en leur laissant suivre la pente irrésistible qui les porte à leur bien particulier. Une crainte respective et salutaire les contiendra dans les bornes du devoir. Les voleurs ont des lois ; et peu d’entre eux les violent, parcequ’ils s’inspectent et se suspectent. Les lois font tout. Si quelque dieu, disent à ce sujet les philosophes siamois, fût réellement descendu