Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 11.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
SECTION VIII, CHAP. X.

N’y peut-on donner qu’une heure ou deux ? on va au tiré. Ne sait-on que faire de son temps, veut-on prolonger son mouvement ? il faut des chiens courants, et forcer le gibier. La femme adroite se fait long-temps courir par le désœuvré.

Au Canada, le roman du sauvage est court. Il n’a pas le temps de faire l’amour : il faut qu’il pêche et qu’il chasse. Il offre donc l’allumette à sa maîtresse ; l’a-t-elle soufflée ? il est heureux. Si l’on avoit à peindre les amours de Marius et de César lorsqu’ils avoient en tête Sylla et Pompée, ou le roman ne seroit pas vraisemblable, ou, comme celui du sauvage, il seroit très court. Il faudroit que César y répétât, Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.

Si l’on décrivoit, au contraire, les amours champêtres des bergers oisifs, il faudroit leur donner des maîtresses