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NOTES DE LA SECTION VIII.

examen. La raison discute avec cet homme la sagesse de son action, écoute sa réponse, et la soumet au jugement de l’intéressé.

L’ami plein de tendresse pour son ami le contredit à regret. Ne le persuade-t-il pas ? il a recours aux larmes et à la priere, le conjure, par le lien sacré qui unit son bonheur au sien, de ne point s’exposer au danger de cette action. L’amour prend un autre ton ; et, pour combattre la résolution de son amant, la maîtresse n’allegue d’autre motif que sa volonté et son amour. L’amant résiste-t-il ? elle s’abaisse enfin à raisonner. Mais la raison n’est jamais que la derniere ressource de l’amour.

On peut donc, à la différente maniere de donner le même conseil, distinguer l’espece de caractere ou de passion qui le dicte. Mais la fourberie a-t-elle une langue particuliere ? Non. Aussi le fourbe emprunte-t-il celle de l’amitié, et se reconnoît-il à la différence qu’on remarque entre le sentiment dont il se dit af-