bonheur ; le second, celui de la puissance nécessaire pour se le procurer. Ai-je un goût ? je veux pouvoir le satisfaire. Le desir du pouvoir, comme je l’ai prouvé, est donc nécessairement commun à tous. Par quel moyen acquiert-on du pouvoir sur ses concitoyens ? Par la crainte dont on les frappe, ou par l’amour qu’on leur inspire, c’est-à-dire par les biens et les maux qu’on leur peut faire ; et de là la considération conçue pour le fort, ou méchant, ou vertueux.
Mais, dans un pays libre où l’argent n’a point cours, quel avantage cette considération procure-t-elle au héros qui, par exemple, contribue le plus au gain d’une bataille ? Elle lui donne le choix sur les dépouilles ennemies : elle lui assigne pour récompense la plus belle esclave, le meilleur cheval, le plus riche tapis, le plus beau char,