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SECTION VI, CHAP. I.

supporteroit le joug d’un despotisme aristocratique, si ce n’est un peuple ignorant et voluptueux ? Le gouvernement le sait, et le gouvernement encourage ses sujets à la débauche. Il leur offre à-la-fois des fers et des plaisirs : ils acceptent les uns pour les autres ; et, dans leurs ames avilies, l’amour des voluptés l’emporte toujours sur celui de la liberté. Le Vénitien n’est qu’un pourceau qui, nourri par le maître et pour son usage, est gardé dans une étable, où on le laisse se veautrer dans la fange et la boue.

« À Venise, grand, petit, homme, femme, clergé, laïque, tout est également plongé dans la mollesse. Les nobles, toujours en crainte du peuple, et toujours redoutables les uns aux autres, s’avilissent, s’énervent eux-mêmes par politique,