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SECTION VI, CHAP. I.

tisme et la superstition engendrent l’ignorance, à son tour, y enfant la mollesse et l’oisiveté.

Le gouvernement défend-il de penser ? je me livre à la paresse. L’inhabitude de réfléchir me rend l’application pénible et l’attention fatigante (1). Quels charmes pour moi auroit alors l’étude ? Indifférent à toute espece de connoissances, aucune ne m’intéresse assez pour m’en occuper ; et ce n’est plus que dans des sensations agréables que je puis chercher mon bonheur.

Qui ne pense pas veut sentir, et sentir délicieusement. On veut même croître, si je l’ose dire, en sensations à mesure qu’on diminue en pensées. Mais peut-on être à chaque instant affecté de sensations voluptueuses ? Non ; c’est de loin en loin qu’on en éprouve de telles.