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SECTION VI, CHAP. VIII.

équilibre de puissances peut-il substituer long-temps entre ces deux ordres de citoyens ? N’est-il pas à craindre que les richesses s’accumulant insensiblement dans un plus petit nombre de mains, le nombre des propriétaires, seuls soutiens de la liberté publique, ne diminue journellement[1] ; que l’esprit d’usurpation, toujours plus actif dans les représentants que l’esprit de conservation et de défense dans les représentés, ne mette, à la longue, la balance du pouvoir en

  1. Un homme s’enrichit-il dans le commerce ? il réunit une infinité de petites propriétés à la sienne. Alors le nombre des propriétaires, et par conséquent de ceux dont l’intérêt est le plus étroitement lié à l’intérêt national, est diminué ; le nombre, au contraire, des hommes sans propriété et sans intérêt à la chose publique s’est accru. Si de tels hommes