Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 10.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
SECTION VI, CHAP. VI.

petit, tout se révolteroit ; le monarque n’auroit ni argent pour lever une armée, ni armée pour combattre ses sujets.

Le moment où la puissance du prince ou du chef s’accroît est celui où la nation est devenue riche et nombreuse, où chaque citoyen cesse d’être soldat, où, pour repousser l’ennemi, le peuple consent de soudoyer des troupes, et de les tenir toujours sur pied. Si le chef s’en conserve le commandement dans la paix et dans la guerre, son crédit insensiblement augmente ; il en profite pour grossir l’armée. Est-elle assez forte ? alors le chef ambitieux leve le masque, opprime les peuples, anéantit toute propriété, pille la nation ; parcequ’en général l’homme s’approprie tout ce qu’il peut ravis ; parceque le vol ne peut être contenu que par des lois séveres,