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DE L’HOMME,

duit pas l’intempérance, mais la tempérance nationale, c’est-à-dire du plus grand nombre.

Sachons maintenant si cette tempérance est aussi féconde en prodiges que l’assurent les moralistes. Que l’on consulte l’histoire ; on apprend que les peuples communément les plus corrompus sont les sobres habitants soumis au pouvoir arbitraire ; que les nations réputées les plus vertueuses sont au contraire ces nations libres, aisées, dont les richesses sont le plus également réparties, et dont les citoyens, en conséquence, ne sont pas toujours les plus tempérants. En général, plus un homme a d’argent, plus il en dépense, mieux il se nourrit. La frugalité, vertu sans doute respectable et méritoire dans un particulier, est dans une nation toujours l’effet d’une grande cause. La vertu d’un peuple