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SECTION VIII, CHAP. V.

prince peut impunément s’emparer des propriétés de ses sujets.

Dans ce pays, si l’on desire les trésors d’Ambulcasem, c’est que, toujours exposé à les perdre, on espere au moins tirer des débris d’une grande fortune de quoi subsister soi et sa famille. Par-tout où la loi sans force ne peut protéger le foible contre le puissant, on peut regarder l’opulence comme un moyen de se soustraire aux injustices, aux vexations du fort, au mépris enfin, compagnon de la foiblesse. On desire donc une grande fortune comme un protectrice et un bouclier contre les oppresseurs.

Mais, dans un gouvernement où l’on seroit assuré de la propriété de ses biens, de sa vie et de sa liberté, où le peuple vivroit dans une certaine aisance, le seul homme qui pût raisonnablement desirer d’immenses