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SECTION VIII, CHAP. IV.

qu’en presque tous les pays cette idée doit se graver d’autant plus profondément dans leur souvenir, qu’ils n’y pourvoient communément que par un travail excessif à leur besoins pressants et journaliers. En seroit-il ainsi dans un pays gouverné par d’excellentes lois ?

Si le sauvage a pour l’or et les dignités le mépris le plus dédaigneux, l’idée de l’extrême richesse n’est donc pas nécessairement liée à celle de l’extrême bonheur. On peut donc s’en former des idées distinctes et différentes ; on peut donc prouver aux hommes que, dans la suite des instants qui composent leur vie, tous seroient également heureux si, par la forme du gouvernement, ils pouvoient à quelque aisance joindre la propriété de leurs biens, de leur vie, et de leur liberté. C’est le défaut de bonnes lois