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SECTION VIII, CHAP. III.

puisse, par un travail de sept ou huit heures, abondamment subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille. C’est alors qu’il devient à-peu-près aussi heureux qu’il le peut être. Il goûte, quant au plaisirs physiques, tous ceux de l’opulent. L’appétit du pauvre est de la nature de l’appétit du riche, et, pour me servir du proverbe usité, le riche ne dîne pas deux fois. Je sais qu’il est des plaisirs coûteux hors de la portée de la simple aisance ; mais on peut toujours les remplacer par d’autres, et remplir d’une maniere également agréable l’intervalle qui sépare un besoin satisfait d’un besoin renaissant, c’est-à-dire un repas d’un autre repas, une premiere d’une seconde jouissance. Dans tout sage gouvernement, on peut jouir d’une égale félicité et dans les moments où l’on satisfait ses besoins, et dans ceux qui