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NOTES DE LA SECTION VII.

disoient bons ? les Carthaginois, pour se rendre Saturne propice, eussent-ils sacrifié leurs enfants sur ses autels ? l’Espagnol croiroit-il la divinité avide du sang hérétique ou juif ? des peuples entiers se flatteroient-ils d’obtenir l’amour du ciel, soit par le supplice de l’homme qui ne pense pas comme leurs prêtres, soit par le meurtre d’une vierge offerte en expiation de leurs forfaits ?

(9) La vertu est si précieuse, et sa pratique si liées à l’avantage national, que, si la vertu n’étoit qu’une erreur, il lui faudroit sans doute sacrifier jusqu’à la vérité. Mais pourquoi ce sacrifice ? et pourquoi le mensonge seroit-il pere de la vertu ? Par-tout où l’intérêt particulier se confond avec l’intérêt public, la vertu devient dans chaque individu l’effet nécessaire de l’amour de soi et de l’intérêt personnel.

Tous les vices d’une nation se rapportent toujours à quelques vices de sa législation. Pourquoi si peu d’hommes