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DE L’HOMME,

pense ce qu’on lui suggere ; c’est là que, familiarisé avec l’idée du crime qu’il doit commettre, on le rend inaccessible aux remords.

Le remords d’un instant suffit pour désarmer le bras de l’assassin. Il n’est point d’homme, quelque méchant, quelque audacieux qu’il soit, qui soutienne sans effroi l’idée d’un si grand attentat et des tourments qui le suivent. Le moyen de lui en dérober l’horreur, c’est d’exalter tellement en lui le fanatisme, que l’idée de son crime, loin de s’associer dans sa mémoire à l’idée de son supplice, lui rappelle uniquement celle des plaisirs célestes, récompense de son forfait.

De tous les ordres religieux, celui des jésuites est à-la-fois le plus puissant, le plus éclairé, et le plus enthousiaste. Nul, par conséquent, qui puisse opérer aussi fortement sur l’i-