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SECTION VI, CHAP. I.

où, porté sur les débris du vaisseau, la nuit couvre la surface des mers, où l’amour de la vie et l’espérance lui dont, dans l’obscurité, entrevoir une terre prochaine. Le moment terrible est le lever de l’aurore, lorsque, repliant les voiles de la nuit, elle éloigne la terre de ses yeux, et lui découvre à-la-fois l’immensité des mers et de ses malheurs : c’est alors que l’espérance, portée avec lui sur les débris du vaisseau, fuit, et cede sa place au désespoit.

S’il est quelque royaume en Europe où les malheurs des citoyens soient sans remede, qu’on y détruise l’ignorance, et l’on y aura détruit tous les germes du mal moral.

L’ignorance plonge non seulement les peuples dans la mollesse, mais éteint en eux jusqu’au sentiment de l’humanité : les plus ignorants sont