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DE L’HOMME,

les années où l’on voit le moins d’ivrognes ? Sont-ce celles où l’on débite le plus de sermons ? Non ; mais celles où l’on recueille le moins de vin. Le catholicisme défendit en tout temps le vol, la rapine, le viol, le meurtre, etc. ; et dans les siecles les plus dévots, dans le neuvieme, le dixieme, et le onzieme, l’Europe n’étoit peuplée que de brigands. Quelle cause de tant de violences et de tant d’injustices ? La trop foible digue que les lois opposoient alors aux forfaits. Une amende plus ou moins considérable étoit le seul châtiment des grands crimes. On payoit tant pour le meurtre d’un chevalier, d’un baron, d’un comte, d’un légat ; enfin, jusqu’à l’assassinat d’un prince, tout étoit tarifé[1].

  1. Voyez M. Hume, vol. I de son Histoire d’Angleterre.