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DE L’HOMME.

toujours soudoyer une armée pour combattre les opprimés, et les vaincre en détail. Aussi le pillage d’une nation soumise au despotisme continue-t-il jusqu’à ce qu’enfin le dépeuplement, la misere des peuples, aient également soumis et le voleur et le volé au joug d’un voisin puissant. Une nation n’est plus, en cet état, composée que d’indigents sans courage, et de brigands sans justice ; elle est avilie et sans vertu.

Il n’en est pas ainsi dans un pays où les richesses sont à-peu-près également réparties entre les citoyens ; où tous sont aisés par rapport aux citoyens des autres nations. Dans ce pays, nul homme assez riche pour se soumettre ses compatriotes. Chacun, contenu par son voisin, est plus occupé de conserver que d’envahir. Le desir de la conservation y devient donc le vœu général et dominant de la plus grande et de la plus riche partie de la nation. C’est et ce desir, et l’état d’aisance des citoyens, et le respect de la