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discours i, chap. i

sensation continuée, mais affoiblie.

Ces facultés, que je regarde comme les causes productrices de nos pensées, et qui nous sont communes avec les animaux, ne nous fourniroient cependant qu’un très petit nombre d’idées, si elles n’étoient jointes en nous à une certaine organisation extérieure.

Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval, qui doute que les hommes, sans arts, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs[1] ?

  1. On a beaucoup écrit sur l’ame des bêtes ; on leur a tour-à-tour ôté et rendu la faculté de penser ; et peut-être n’a-t-on pas assez scrupuleusement cherché, dans