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comme le tigre, et non comme l’aigle. Elle mange et ne regarde pas. C’est une force aveugle qui promène la justice sans la comprendre, et absorbe, sans savoir ce qu’elle fait, les peuples qui n’ont plus de mission. Elle possède et établit l’ordre, dans la mesure où l’ordre peut exister sans amour.

Appuyée sur cet ordre et sur un certain nombre de vertus qui ressemblent un peu à des machines de guerre, la Rome de la louve prépare l’unité, fraye la voie et, croyant travailler pour elle, dispose le monde pour Celui qui doit venir : ses vertus étaient le triomphe intérieur de la force, son action fut le triomphe extérieur de la force.

Elle fut renversée par le sang des martyrs.

Le triomphe de l’ancienne Rome, la domination universelle de la louve est un fait qui mérite quelque explication. J’ai parlé de sa force, mais sa force isolée n’expliquerait pas toute sa victoire.

La Rome de la louve a préparé, tout en la parodiant, la Rome de la croix. Toutes deux ont conquis le monde, la première par les coups, la seconde par la parole. Mais comme les actions les plus contraires ont des analogies cachées qui tiennent au type invisible, il n’est pas impossible de rencontrer certaines ressemblances dans les choses les plus disparates. La Rome de la louve a vaincu par la force, appuyée sur l’orgueil. La Rome de la croix a vaincu par la prière, appuyée sur