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le sublime auquel elle est antipathique ; mais le sublime du dehors profita souvent des matériaux qu’elle avait amassés. Les pierres taillées par elle entrèrent dans des monuments qui dépassèrent la portée de son regard. Quand Eschyle raconte les traditions humaines, il n’est plus Grec, il est Oriental, mais la langue grecque se prête à l’Orient qu’elle ignore. La tragédie grecque est celle d’Euripide, subtil, ingénieux, ergoteur et compliqué. Quand Platon est sublime, il est Oriental ; quand il est subtil, quand il se joue misérablement dans les arguties de la rhétorique, il est Grec. La Grèce fut une école, mais elle tailla l’instrument dont se servit saint Denys. Après avoir amusé l’esprit humain, la langue grecque fut conquise par ceux qui devaient enseigner le monde.

Mais la Grèce, si elle prépara la langue des hommes purs, se plongea dans la corruption. La subtilité de l’esprit et la corruption du cœur se tiennent plus qu’on ne le croit : la simplicité et la pureté sont sœurs. La chute de la Grèce fut ignoble ; c’est la Rhétorique qui tombe en pourriture. La Grèce s’enterre sous ses disputes. Elle est divisée contre elle-même, et Alexandre qui la dévore va se faire dévorer lui-même par ses vices, après avoir ravagé la terre comme un torrent.

Rome passe le niveau sur toutes les nations vaincues : elle jette dans le même trou toutes les têtes coupées et charge la terre de boire le sang. Quant à elle, elle emporte sa proie