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ce continent dont la fertilité les frappait, les Phéniciens fondent Carthage et préparent à la puissance occidentale, représentée par Rome, une haine invincible.

Europe vient d’Eurappa, en phénicien, pays des visages blancs. L’Italie qui faisait le commerce de la résine, prit dans la langue de Tyr le nom d’Italia. Que les Phéniciens aient nommé dans leur langue les nations qu’ils rencontraient, je ne m’en étonne pas ; mais ce qui est extraordinaire et ce qui révèle en eux une vertu inconnue, en prenant ce mot vertu dans le sens latin, c’est que ce nom ait passé dans les langues étrangères, et que l’Europe s’appelle Europe dans la langue française, la plus occidentale de toutes les langues. On dirait un hommage involontaire rendu à une puissance oubliée ; on dirait un écho très lointain de la voix de Noé bénissant Sem.

« Tyr, s’écrie Ezéchiel, Tyr, qui habites au bord des mers et dont les flottes touchent aux îles lointaines, tu dis dans ton cœur : je suis éclatante de beauté. Les peuples lointains se sont plu à t’embellir ; tes vaisseaux sont construits avec les sapins de Sanio, les cèdres du Liban ont formé tes mâts ; les chênes du Basan, tes rames ; tes matelots se reposent sur le buis de Chypre, orné d’ivoire, et tes demeures sont construites avec le bois des îles d’Italie. Le lin d’Égypte a tissé tes voiles et tes pavillons ; tes vêtements sont teints de l’hyacinthe et de la pourpre de l’Hellespont.