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mené doit avoir fait cette remarque : dès que le terrain monte, dès qu’on arrive sur une hauteur, dès que le regard s’étend, la croix apparaît.

Les clochers font la beauté des paysages ; leur nombre est toujours important, même au point de vue pittoresque, pour l’effet du coup d’œil. Les cloches font, avec les arbres, les rivières et tous les accidents de la nature, une harmonie particulière que ne produisent pas les autres monuments. On dirait que la création éprouve le besoin d’être dominée par la croix et rassurée par elle. Un paysage sans croix ferait peur. Toute créature a besoin de paratonnerre.

Or l’histoire est une montagne du haut de laquelle l’homme regarde le globe dans son présent et dans son passé. C’est la croix qui éclaire le grand paysage, c’est elle qui dirige le regard, c’est elle qui oriente le voyageur.

Et d’abord l’histoire a besoin de connaître le temps. Le temps est le domaine de l’histoire, et il faut qu’elle le possède. Eh bien ! voici une observation très simple que je recommande à tous les penseurs, et sur laquelle je les supplie de ne pas passer légèrement.

Comment, sans Jésus-Christ, l’histoire ferait-elle pour compter le temps ? Une nation pourrait encore, à la rigueur, dater ses actes de sa fondation ; mais comment feraient les nations ?

Romulus peut servir à compter l’âge de Rome, la Grèce peut se servir des olympiades,