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possible d’arrêter son navire, les câbles cassent ; impossible de dire : voilà qui je suis ; le vent change, et l’homme n’est plus le même. Il n’a pas le temps de faire son portrait, l’impression de la figure a déjà changé.

En dix-huit cent cinquante, les enfants au collège riaient des illusions qu’ils croyaient avoir eues. Dix-huit cent trente n’avait que vingt ans d’âge, il était mort de vieillesse.

On essayait de rire, mais sans succès : le rire était aussi usé que les larmes.

Les fils de Voltaire, en haine de leurs pères, inventaient, il y a trente ans, des religions nouvelles.

Les petits-fils de Voltaire, en haine des religions nouvelles, essayent de revenir vers Voltaire.

Mais l’athéisme est aussi usé que les religions nouvelles, les religions nouvelles sont aussi usées que l’athéisme.

L’ennui reste debout.

C’est lui qui, après chaque déroute, fait prisonniers ceux qui survivent.

On rit et l’on s’ennuie, on pleure et l’on s’ennuie.

On se moque et ce personnage ne se soutient pas. L’homme est vivant. Quand il n’aime pas, il faut qu’il haïsse. L’impassibilité ne lui est pas accessible. Quand il dit : Je prends mon parti, l’homme ment. Jamais l’ironie n’a le dernier mot chez l’homme.

L’ironie appelle les larmes. Petit-Jean dit plus vrai qu’il ne pense :