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rité, est son complément légitime et a les mêmes droits sur l’esprit humain :

Voilà le non-sens radical, fondamental, sur lequel nous vivons.

Ce non-sens formulé métaphysiquement d’abord, fleurit ensuite, à la faveur de phrases banales, polies, vagues ; il se glisse sous des si l’on veut.

Il ne se formule pas précisément, mais il s’insinue par les fentes des murailles, si j’ose le dire.

Affirmer à la fois le oui et le non d’un air étourdi, cela s’appelle de la folie ; les affirmer à la fois d’un air profond, cela s’appelle de la science.

Les affirmer à la fois d’un air libre, cela s’appelle l’esprit moderne.

Mais, dans ce dernier cas, il faut beaucoup de précautions, beaucoup de peut-être et de si l’on veut.

Il faut être poli avec le oui, poli avec le non, bienveillant envers la vérité, courtois avec l’erreur, indifférent à tout et à tous, pour jouer ce rôle de Philinte, rôle odieux, ridicule, mais commode, quand on parle à des gens une langue qu’ils ne savent pas.

Or le public ne sait pas la philosophie ; cette circonstance donne à plusieurs l’aplomb qu’il faut pour décliner bonus, bona, bonum, en face de ceux qui ne savent pas le latin.

Un père ne choisirait pas, pour faire l’éducation géométrique de son fils, un professeur qui ouvrirait ainsi sa première leçon :