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les disciples, l’esprit d’erreur avait fait son œuvre.

Alors, l’Église faisait resplendir la vérité d’un éclat plus lumineux, sur le point qu’on venait d’attaquer. L’affirmation et la négation se regardaient en face, et chacune d’elles entraînait ses amis. Notre poids, c’est notre amour ; chaque homme pesait là où il aimait.

Mais voici le siècle radical. Il ne discute plus tel ou tel dogme. Dans sa partie satanique, le dix-neuvième siècle nie tout. Il nie en bloc. Il nie absolument. Il fait ce que n’avaient pas fait ses pères.

Il s’attaque à l’Être. Il lance au front de Dieu le Non absolu, que les lèvres humaines tremblaient jadis de prononcer.

Et, comme il est docteur, ce dix-neuvième siècle, il dit à Jéhovah :

« Je suis ton créateur. Tu es l’enfant de ma pensée. Tu n’as d’être que ce que je veux bien t’en donner. Quand je te pense, tu existes un peu. Si je ne te pensais pas, tu n’existerais pas. Dans la prochaine leçon, Messieurs, nous créerons Dieu.

« Son essence dépend de la conception que j’ai de lui. »

Donc, le dix-neuvième siècle monte sur la montagne, et dit à celui qui parla à Moïse, au milieu du tonnerre et des éclairs :

« Moi, l’homme, je suis Celui qui suis ; et toi, Dieu, tu es celui qui n’es pas. »