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quoi, avec un courage digne d’une cause meilleure, si les hommes, ayant enfin pitié d’eux-mêmes, abandonnaient un mois les lectures vides, monotones, ennuyeuses, pour se retremper dans les sources vivantes, pour lire les choses dramatiques, c’est-à-dire les choses vraies ; leurs cœurs retrouveraient les battements perdus.

Je ne crains pas de le dire : la face du monde serait changée si, pendant un mois, les hommes lisaient les Pères et les Docteurs de l’Église. Ils ne pourraient plus ensuite se résigner à avaler encore une fois ce qu’ils auraient vomi.

Parmi les Docteurs, un des plus grands, un des plus féconds, un des plus ignorés en France, se nomme saint Anselme.

Saint Anselme, un jour, a dit : Amen.

Il venait de réfléchir en face de lui-même ; en face de David, en face de Dieu : il venait de chanter le Miserere. Il avait chanté tout haut : il a noté pour nous les harmonies qu’il voyait. Sur les ailes du Prophète-Roi, saint Anselme se trouve chez lui : il s’élève, il plane, il respire, il appelle, il crie, il invoque, il rend gloire, et quand les sept cordes de la harpe éolienne ont frémi au souffle de l’Esprit-Saint, il dit : Amen.

« Amen. Ô Dieu des Hébreux, tu as voulu que je sache qu’amen n’est ni grec ni latin, mais hébraïque, et, à cause de son excellence, n’a pas été transporté par les interprètes, ni changé, afin de désigner