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La prière est une grande habitude organique de la vie régénérée.

L’habitude mécanique tache de corrompre la prière, en lui enlevant la vie, la pensée, l’intelligence, l’amour, et en lui abandonnant le mouvement des lèvres.

Ce mécanisme qui voudrait supprimer l’âme et remplacer l’homme en prière par un singe à genoux, a pour auxiliaire l’ignorance. Plus l’homme ignore les splendeurs cachées au fond des paroles qu’il prononce, plus il est enclin à se contenter du son matériel des mots et à oublier l’idée.

Parmi les mots les plus fréquemment prononcés et les plus oubliés par quelques-uns de ceux qui le prononcent, il en est un que je voudrais rappeler aujourd’hui au souvenir de ceux qui pourtant, en l’oubliant, le disent tous les jours ; c’est le mot : Amen.

Ce mot-là se dit à la fin de toutes les prières, et l’homme risque, à cause de la place qu’il occupe et de la fréquence de sa répétition, l’homme risque de l’exclure de la prière et de le considérer comme un hors-d’œuvre.

Les Pères de l’Église contiennent des trésors de lumière, et dans ces trésors presque aucune main ne vient fouiller. Nous avons trop à faire, vraiment !

Ô idiots, idiots que nous sommes !

La terre possède des mines d’or qui ne sont pas exploitées. La face du monde changerait si les hommes, fatigués de l’ennui surhumain auquel ils se condamnent sans savoir pour-