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LE MOT AMEN



L’habitude et l’ignorance se ressemblent beaucoup. Toutes deux effacent de l’homme la marque de la beauté.

Gœthe, je l’ai constaté dans ce livre, admire presque malgré lui dans le catholicisme la puissance d’introduire la vérité dans les coutumes humaines, puissance qui a fait défaut, de l’aveu du protestant, au protestantisme. En effet, la manne tombait tous les jours, et avait tous les jours un goût différent. Elle n’était pas hier ce qu’elle avait été avant-hier et ce qu’elle est aujourd’hui. L’habitude mécanique, l’habitude de la mort n’avait pas prise sur elle.

La manne figure la vérité. La vérité est toujours la même ; mais nous pouvons la sentir diversement. Toujours ancienne et toujours nouvelle, elle peut d’un souffle changer la face du monde et convertir même l’habitude, cette chose endurcie. La vérité peut remplacer les habitudes mécaniques de la mort par les habitudes organiques de la vie.

Mais la mort menace sans cesse la vie. L’habitude mécanique fait le siège de l’homme et veut entrer dans la place assiégée. Elle veut corrompre jusqu’à la prière.