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Comme il est arrivé aux noces de Cana, l’Humanité n’a plus de vin.

Or ce sont les grands esprits qui servent le vin dans le banquet de l’humanité.

Personne ne sait à quel point les hommes, grands ou petits, ont besoin de ce vin généreux.

Les grands ont besoin de le donner, c’est leur fonction et c’est leur vie ; les petits ont besoin de le recevoir, c’est leur fonction et c’est leur vie.

Celui qui empêche cette communication, est l’homicide des uns et l’homicide des autres.

Quand nous étudions ce crime, vis-à-vis du ciel et de la terre, nous sommes en face de l’incommensurable.

Il y a des attentats qui ne disent pas leur nom tout entier ; la partie visible du crime ne sert qu’à couvrir la partie invisible.

Ce déni de justice envers l’homme de génie, tant qu’il est vivant, fait couler des déluges de sang et de larmes, inouïs par leur quantité, inouïs par leur qualité ; car ce sang et ces larmes sont d’une espèce particulière, plus tragiques que les autres ! Les cœurs d’où ils tombent ont des déchirements inconnus. Ils sont sujets à des douleurs qu’on ne peut pas deviner.

Quant à ceux qui viennent au secours de ces grands malheureux, la gloire qu’ils méritent doit être aussi une gloire réservée, plus