ment évidente et tellement élémentaire, que son énonciation suffit : c’est M. de La Palisse qui semble avoir parlé, et personne ne se lèvera pour contredire.
Eh bien ! cette vérité évidente, éclatante, est l’objet, dans la pratique humaine, d’une négation presque universelle. L’histoire tout entière atteste l’oubli où le genre humain l’a laissée.
Le genre humain aime les morts et n’aime pas les vivants.
Quand un homme est vivant, sa grandeur est niée, oubliée, moquée par le fait même de son existence actuelle.
Le genre humain attend sa mort, pour s’apercevoir qu’il était grand. Ce crime invraisemblable est si monstrueux qu’il semble impossible.
Ce crime invraisemblable et monstrueux est le fait habituel, presque universel de l’histoire humaine.
Voici quelque chose de plus extraordinaire. Ce crime invraisemblable et monstrueux n’est pas remarqué de ceux qui le commettent.
Parmi ceux qui le commettent, il y a des hommes qui se croient consciencieux et qui le sont sur d’autres points. Parmi ceux qui le commettent, il y a peut-être des hommes qui se reprocheraient une légère infraction aux lois de la morale habituellement promulguées, habituellement répétées, et qui ne se reprochent pas ce crime, parce qu’ils le commettent sans s’en apercevoir.