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grand et profond, le reconnaît parce qu’il l’a cherché, et l’aime parce qu’il l’a désiré.

Aimer de tout son esprit, c’est introduire la justice dans la charité.

Aimer avec son esprit, c’est pardonner toutes les imperfections superficielles et ne s’attacher qu’à la profondeur qui, pour l’esprit, est le lieu de l’amour. Aimer avec son esprit, avec tout son esprit, c’est comprendre les besoins de l’intelligence et de l’âme.

C’est comprendre qu’on assassine un homme quand on lui refuse son pain intellectuel, aussi réellement que si on lui arrachait son pain matériel, aussi réellement que si on lui donnait un coup de couteau.

Aimer de tout son esprit, c’est deviner, là où elles sont, la faim et la soif de l’esprit, et aller au-devant d’elles.

Aimer de tout son esprit, c’est satisfaire généreusement le désir qui n’ose pas parler. Les grands désirs sont timides, parce qu’ils sont isolés. Ils n’osent prendre la parole au milieu des hommes qui sont pour eux des étrangers. Aimer de tout son esprit, c’est aller au-devant d’eux, les inviter, leur rendre le courage de vivre et de parler.

Aimer de tout son esprit, c’est aller au secours de l’esprit, partout où il vit, partout où il souffre.

Heureux, dit l’Écriture, celui qui a l’intelligence du pauvre.

Or la pauvreté est de plusieurs espèces.