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tion de Dieu, et saint Jean nous déclare que Dieu est charité.

La charité est tellement profonde dans l’ordre des idées, qu’on se figurerait difficilement une doctrine qui s’abstînt de la recommander.

Les doctrines erronées faussent sa notion, dénaturent sa conception, mais cependant l’adoptent, la prônent, s’appuient sur elle comme sur un fondement nécessaire. Quoi qu’on dise, on parle de charité. On peut se figurer les doctrines les plus fausses, les plus trompées et les plus trompeuses ; cependant elles retiendront toujours au moins le nom de charité et souvent avec plusieurs de ses applications. Imaginez une philosophie quelconque, partie n’importe d’où pour arriver n’importe où. Je me figure volontiers les choses les plus folles, les plus monstrueuses : mais il est une recommandation que je ne me figure pas. Il est un conseil, il est un précepte que je ne puis m’imaginer ; ce conseil, ce précepte inimaginable, ce me semble, serait celui-ci :

« Mes chers enfants, ne vous aimez pas les uns les autres. Que chacun de vous ne pense qu’à lui seul ! malheur à qui aimerait son frère ! malheur à qui se souviendrait du pauvre ! Je vous ordonne de l’oublier, sinon de le maudire.

« Telle est la loi que je vous apporte du ciel. »

Cela n’a jamais été dit et cela ne se dira jamais. « Toute erreur, dit Bossuet, est fon-