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faims et soifs dévorantes qui appellent la parole écrite. Entre ces lecteurs avides et l’écrivain, avide aussi, il doit se faire un courant de charité sublime, car tous donnent et tous reçoivent. Le lecteur donne immensément à l’écrivain, et l’écrivain ne sait pas lui-même combien il reçoit de son lecteur. Comprendre, c’est égaler, a dit Raphaël. Celui qui comprend fait à celui qui parle une immense charité. Personne ne peut mesurer, dans le siècle où nous vivons, l’importance du journal, ses droits, ses devoirs, sa responsabilité, les devoirs qu’on a envers lui. C’est lui qui distribue le pain. Il pénètre là où ne pénètre pas le livre. Il informe les intelligences. Son action est d’autant plus profonde qu’elle est plus inaperçue. Il enseigne d’autant plus efficacement qu’il ne se présente pas comme un enseignement. Il n’est pas pédant. Il n’est pas doctoral dans ses prétentions.

La parole est essentiellement nourrissante et désaltérante. Tout homme qui garde une parole de vie et ne la donne pas, est un homme qui, dans une famine, garde du pain dans son grenier, sans le manger ni le donner.

L’Évangile nous dit sur quelles paroles sera jugé le genre humain, Ces paroles, mille fois étonnantes de simplicité et de profondeur, tout le monde croit les connaître. Mais combien sommes-nous à les connaître réellement ?

J’avais faim et vous m’avez donné à manger, etc., etc.