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L’Évangile parle à chaque instant de ceux qui ont faim et soif. Il a soin de nous avertir lui-même qu’il prend ce mot dans le sens le plus général et le plus étendu. La faim et la soif qui portent sur la justice comptent parmi les béatitudes. Mais l’homme semble singulièrement porté à restreindre la signification de la faim et de la soif qu’il s’agit de soulager. Plus un besoin est matériel, plus il excite facilement la pitié. Plus il s’élève dans la hiérarchie des nécessités, plus il échappe à la compassion. Tel homme qui ne voudrait nullement faire mourir de faim dans le sens matériel du mot, ne craint pas de commettre le même acte dans le sens intellectuel.

Or la parole écrite est une immense charité, et sa diffusion, quand elle est bonne et belle, est, par excellence, l’acte de charité au dix-neuvième siècle. Ce mot de charité perdu parmi nous sa splendeur. Nous oublions beaucoup trop que charité veut dire grâce. Charité veut dire splendeur. Nul ne fait acte de charité s’il ne fait acte de beauté.

Il est temps de restituer aux mots leur gloire, et le plus glorieux des mots, c’est le mot de charité.

Dans ces temps où nous sommes, où les besoins humains semblent se faire plus criants, plus impérieux, plus déchirants, personne ne peut savoir combien le beau fait de bien.

Il existe au fond de beaucoup d’âmes des