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pour vous une affection véritable. Tout enfant, vous me plaisiez. J’aimais la finesse et la promptitude de vos saillies. Jeune homme, vous aviez une imagination qui me séduisait. Car j’aime l’imagination chez un jeune homme, pourvu toutefois qu’il n’en ait pas trop. Vous me disiez quelquefois : J’aime l’Océan ! et je vous engageais, mon enfant, à faire sur l’Océan quelques vers latins, pour vous exercer. Pouvais-je me douter que vous alliez prendre au sérieux la poésie ? Si vous aviez, du reste, un goût si prononcé pour la navigation, je ne vous aurais pas dissuadé de faire de temps à autre quelques petits voyages : les voyages forment la jeunesse. Mais, mon jeune ami, permettez-moi de vous le demander : n’est-ce pas aller un peu loin que d’aller chercher un nouveau monde ?

Et pourquoi donc ne pas vous contenter de l’ancien, puisque nous, nous savons nous en contenter ? Pourquoi ne pas entrer tout simplement dans une de ces carrières libérales auxquelles votre éducation vous donne le droit de prétendre ? Pourquoi cette folle et ridicule ambition ? Ah ! quand vous aurez mon âge !

À cela vous avez déjà répondu qu’il y a là-bas des hommes qui sont vos frères, avec qui vous voulez unir l’ancien continent.

Je sais par cœur toutes vos grandes phrases. Vous pensez, n’est-ce pas ? que quand vous aurez traversé l’Océan qui essaye de