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Plus Paul voit la chose blanche, plus Pierre la voit noire.

Pierre la voit horriblement noire, parce que Paul l’a vue excessivement blanche.

Leurs regards, au lieu de se prêter secours, s’irritent les uns contre les autres.

C’étaient deux hommes intelligents, faits pour s’entendre.

Ce sont maintenant deux ennemis, stupidement entêtes, stupidement aveuglés, parce que le serpent de la contradiction a levé sa tête entre eux deux.

La chose est si simple que sa simplicité dissimule son importance.

Pour que Pierre puisse montrer utilement à Paul la face noire qu’il voit, il faut d’abord qu’il voie aussi parfaitement que Paul la face blanche que Paul a vue et qu’il le lui dise.

S’il ne le lui dit pas, chacun se cantonnera irrémédiablement dans son point de vue séparé.

C’est pourquoi la bonté du cœur aurait un rôle immense dans la réconciliation des esprits.

Si vous vous irritez contre votre ennemi, qui est peut-être votre ami, vous ne le convaincrez jamais.

N’oublions jamais les leçons profondes contenues dans la langue humaine, dans la science des mots.

Haïr, en latin, se dit : Invidere, « In, videre » : ne pas voir.

Il n’y a peut-être pas une seule vérité dont