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aussi séparés, aussi divisés qu’ils y apparaissent quand je les considère dans la mêlée de la vie.

Pourquoi se font-ils plus ennemis qu’ils ne le sont réellement ?

Ils sont faits pour l’union, et la division est leur malheur.

Pourquoi augmentent-ils leur malheur, qui est d’être divisés ?

La question est d’une importance énorme, d’une importance universelle : c’est qu’il y a dans le monde un monstre qui s’appelle l’Esprit de contradiction.

Si je considère toutes les personnes ou toutes les choses de ce monde, je peux les considérer sous plusieurs faces, et vous aussi.

Paul voit une chose d’un certain côté ; il la voit blanche.

Pierre voit la même chose d’un autre côté ; il la voit noire.

Tous deux ont raison, tous deux ont tort, car la chose est blanche d’un côté et noire de l’autre.

Elle est blanche ! s’écrie Paul.

Elle est noire ! s’écrie Pierre.

Et voilà deux ennemis.

Paul et Pierre, au lieu de s’entr’aider et de compléter le regard de l’un par le regard de l’autre, s’acharnent l’un et l’autre à nier ce qu’il ne voit pas lui-même.

C’est l’esprit de contradiction qui ferme les yeux et qui aigrit le cœur, qui aveugle et sépare les âmes.