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infernal, et, en réalité, sous sa plume tout devient infernal, jusqu’aux joies d’un enfant qui joue avec les fleurs dans la campagne, sous le ciel bleu. L’Enfant étranger est une production abominable qui ne demanderait, pour devenir céleste, qu’à être retournée de fond en comble.

Le personnage principal de tous les contes d’Hoffmann, c’est Hoffmann lui-même. Chez lui, l’homme qui raconte une histoire effrayante en est peut-être le héros. Son œil est fixe, étrange : son regard effraye ! ce n’est pas un homme comme un autre ! Il a avec les fantômes qui sont dans le voisinage et qui menacent d’apparaître, une parenté terrible et inexpliquée. Nous ne savons sur quel terrain nous sommes : tout est effrayant, car tout est vu dans une lumière effrayante ; on ne sait ce qui va arriver, mais on s’attend à tout. Aucun de ces personnages ne regarde passer le fantastique ! Tous sont de la partie. On dirait la circulation du fantastique dans l’univers.

Dans le conte féerique, le caprice est au service du caprice pur ; dans le conte fantastique, le caprice est au service des ténèbres. Le caprice d’Hoffmann ne nous prépare pas, comme l’a cru Walter Scott, une surprise quelconque : il nous prépare une surprise sombre, nocturne ; Hoffmann ne nous effraye pas pour s’amuser : il nous effraye parce qu’il a peur.

On a beaucoup parlé depuis quelque temps