Walter Scott confond le fantastique et le merveilleux avec la féerie. Ces choses ne se ressemblent pas entre elles. Le fantastique essaye de nous faire pressentir, par le moyen des choses les plus vulgaires, une horreur inconnue qui est cachée quelque part et qui se découvre à demi. L’horreur, dans le fantastique, transpire à travers tout. On l’aperçoit par toutes les portes entr’ouvertes, par toutes les fentes des murailles. La féerie fait passer sous nos yeux une série capricieuse d’êtres purement imaginaires. Le monde féerique n’est ni le monde visible, ni le monde invisible, ni la relation de l’un à l’autre. C’est un monde à part, qui n’est ni réel ni idéal ; ce sont des créatures d’une espèce inconnue et qui restera toujours inconnue, des oiseaux et des animaux, tels qu’il n’en existe pas, et ces animaux ne sont la traduction poétique d’aucune idée ; ils sont de purs caprices. Ils n’existent que dans l’imagination de l’auteur, ils n’expriment rien.
Certes, les Mille et une Nuits attestent une riche imagination, mais elles n’attestent pas autre chose. Toutes ces pierreries, tous ces palais, tous ces souterrains, toutes ces somptuosités inutiles, nous glacent. Car, parlant toujours à l’imagination, elles ne parlent jamais à l’âme. Cette recherche sans but fatigue l’esprit et même les yeux. Pendant cette lecture à la fois frivole et aride, l’esprit demande un peu d’occupation, l’œil, un peu