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l’imagination s’abandonne à toute l’irrégularité de ses caprices et à toutes les combinaisons des scènes les plus bizarres et les plus burlesques. Dans les autres fictions où le merveilleux est admis, on suit une règle quelconque. Ici l’imagination ne s’arrête que lorsqu’elle est épuisée. Ce genre est au roman plus régulier, sérieux ou comique, ce que la farce ou plutôt les parades et la pantomime sont à la tragédie et à la comédie. Les transformations les plus imprévues et les plus extravagantes ont lieu par les moyens les plus improbables. Rien ne tend à en modifier l’absurdité. Il faut que le lecteur se contente de regarder les tours d’escamotage de l’auteur, comme il regarderait les sauts périlleux et les escamotages d’Arlequin, sans y chercher aucun sens, ni d’autre but que la surprise du moment. L’auteur qui est à la tête de cette branche de la littérature romantique est Ernest-Théodore-Guillaume Hoffmann. »

Hoffmann aurait bien ri, s’il avait lu ces lignes. Les gens qui parlent au nom du bon sens, comme nous venons d’entendre parler Walter Scott, compromettent le bon sens. Ce sont eux peut-être qui donnent à beaucoup de jeunes gens le goût de la folie, en leur faisant croire que le sens commun est un sot. Pour guérir les hommes de la folie, le vrai moyen, l’unique moyen est de leur montrer que toute beauté, tout amour réside dans l’ordre, que l’ordre est la loi qui régit tout, surtout la splendeur, surtout le feu.