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d’élever aussi haut que possible dans les airs, la pyramide de mon existence, dont la base est indiquée et demeure établie, passe avant toute chose, et me laisse à peine sujet à des oublis passagers. Je ne dois pas différer, je suis déjà avancé en âge, et peut-être la destinée me brisera-t-elle, au milieu de mon ouvrage, laissant inachevée et tronquée la Tour babylonienne. »

Voilà le plus solennel des aveux de Gœthe. Ainsi son œuvre est, à ses yeux, la tour babylonienne ! Comme l’orgueil et le mépris de soi vont bien ensemble ! Son œuvre est la tour babylonienne ! Voilà pourquoi toutes les voix qui parlent en lui se contredisent ! Voilà pourquoi, suivant sa propre parole, la philosophie trouble en lui la poésie.

Si Gœthe avait été fidèle au souvenir de sa septième année, au lieu d’une tour babylonienne, il eût eu le désir de construire un temple. Le catholicisme lui eût ouvert les portes de la grande cathédrale, où la création adore le Père en esprit et en vérité. Sa tour babylonienne resta tronquée et inachevée. Le temple eût été terminé et couronné par une coupole d’encens.

Car voici une loi générale : Nul homme ne trouvera la paix en dehors de l’adoration.