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son type redressé, c’est encore à lui que je vais m’adresser. Ses aveux me suffiront.

Il nous dit dans ses Mémoires :

« Je m’accoutumai à me concentrer en moi-même, soit pour rectifier mes idées sur les objets extérieurs, soit pour rétablir le calme dans mon âme. »

Voilà tout Gœthe.

Gœthe est l’homme cherchant la paix en lui-même.

Il trouve la parodie de la paix, l’isolement.

Gœthe, en effet, se regarde comme l’alpha et l’oméga de toutes choses, considérant la création comme un spectacle offert à sa curiosité et à son intelligence ; il croit que les acteurs jouent pour lui, et rapporte le drame à lui-même, à lui Gœthe, principe et fin de toute action.

Voilà son calme : C’est le calme de l’homme qui, assis dans sa stalle, jouit des douleurs que la scène lui montre, et ne prend de la pitié que ce qu’il en faut pour le plaisir. Le théâtre de Gœthe, c’était l’histoire et le monde. Le calme menteur fut contagieux, parce qu’il parodiait le calme dont l’Allemagne a besoin, parce qu’il ressemblait aux théories philosophiques qu’elle buvait en les savourant, comme un poison agréable.

Voulez-vous savoir par quelle paix profonde, supérieure, admirable, Gœthe devait se manifester au monde ? Voulez voir le vrai drame qu’il devait faire, le drame qu’il devait vivre (car je ne veux pas me servir ici du mot