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contradictions. Mais je crois votre remarque fondée. »

Gœthe reconnaît qu’il se contredit accidentellement : il ignore qu’il se contredit essentiellement. La contradiction n’est pas chez lui un détail, une distraction : elle est la nature même de sa science, si ce mot peut lui être appliqué. Elle est le seul caractère permanent et fixe qui demeure saisissable à travers les vagabondages de sa pensée. La contradiction est le fruit de l’isolement. Pour être d’accord avec lai-même, il faut que l’homme soit d’accord avec le principe de l’harmonie.

Nous avons entendu Gœthe protestant demander une religion plus sublime et plus pure que la religion catholique, et se faire une religion à son usage.

Cette religion, faite par un homme pour son usage particulier, et qui a la prétention de surpasser en pureté le catholicisme, c’est le protestantisme.

Voici Gœthe au VIIe livre de ses Mémoires :

« Pour que la religion, telle qu’elle est consacrée par le culte public, pénètre au fond des âmes, il faut que toutes les parties du système religieux soit coordonnées entre elles, qu’elles se prêtent un appui réciproque, et forment un ensemble parfait. Le culte protestant n’a aucun de ces avantages. Le vide, les lacunes, le défaut d’harmonie y sont sensibles ; de là, la facilité avec laquelle ceux qui le professent s’éloignent les uns des autres. On se plaignait