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L’isolement renferme en lui même le principe de toutes ces contradictions.

L’homme n’est jamais d’accord avec une religion qui est son ouvrage.

Il entend au fond de lui la protestation du Dieu inconnu.

Les opinions littéraires de Gœthe constituent aussi le tableau sensible de l’isolement Il n’a pas de doctrine. Toutes les écoles peuvent le revendiquer, aucune cependant ne le peut avec raison. Ce n’est pas parce qu’il les domine du haut de la vérité, c’est parce qu’il les accepte et les trahit tour à tour. Il parle dans ses Mémoires d’un projet de drame relatif à Mahomet, et il parle en ces termes :

« Mon plan se rapprochait des formes du drame régulier, vers lequel me ramenait déjà mon inclination, quoique j’y fisse, avec une certaine réserve, usage de cette liberté récemment acquise à notre théâtre, de disposer librement des temps et des lieux. » (Traduction de M. Aubert de Vitry.)

Au bas de la page, j’aperçois une note probablement due au traducteur. L’auteur de cette note s’empare avec joie de cet aveu, et dit :

« Voici donc l’auteur de la révolution dramatique, le créateur du genre dit romantique en Allemagne, avouant la prédilection que son jugement exquis lui inspire pour le drame régulier. »

L’auteur de cette note triomphe trop vite.