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du monument qu’il élève. Il voudrait élever ce monument jusqu’au ciel. Mais les ouvriers qui le construisent, c’est-à-dire les passions de Gœthe, ne s’entendent pas entre eux, ils ne parlent pas la même langue. Tous ces ouvriers travaillent sous les ordres du même maître, car toutes ces passions se rapportent à l’orgueil, comme à leur principe commun ; mais l’orgueil n’a pas le secret de l’unité, et jamais ses serviteurs ne se sont accordés entre eux. Ils se divisent et se déchirent. Chacun tire à lui ; nul d’entre eux ne veut obéir, car tous sont façonnés à l’image dit maître. Aussi voyez les pierres du monument. Elles se contrarient, se heurtent et se renversent.

L’une a pour inscription Faust, l’autre Wilhem Meister, l’autre Affinités électives ; d’autres s’appellent tragédies, et veulent entrer dans le moule d’Euripide. Jupiter et Méphistophélès se rencontrent, se choquent et se moquent l’un de l’autre.

Tous ces éléments sont rapprochés et non unis. Le terrain de l’orgueil est le terrain de l’isolement. L’unité est impossible, parce que Dieu est absent. Le monument ressemble à la tour de Babel. Le maître et les ouvriers, l’orgueil et les passions qui le servent, tout cela porte le même nom, tout cela s’appelle légion.

L’isolement, puisqu’il est la solitude sans Dieu, s’appelle toujours légion.

La société ou la solitude, armées l’une et l’autre de la présence de Dieu, s’appellent unité.