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ment le dieu de ce grand domine, et on n’est pas surpris de voir placer devant son lit, exposée au soleil levant, afin qu’il puisse le matin lui adresser sa prière, la tête colossale de ce dieu. »

Vous voyez que M. Renan ne s’étonne nullement de voir le panthéiste devenir païen. Il a même presque jusqu’à donner, sans la comprendre, l’explication du fait. Païen par nature, dit-il (voilà le panthéiste), et surtout par système littéraire (voilà l’adorateur de Jupiter). La manière dont M. Renan raconte le fait est plus singulière que le fait lui-même. Il semble dire que la philosophie de Gœthe le conduisait naturellement à prier le matin, au soleil levant, Jupiter ; mais il ne tire de ce fait, contre cette philosophie, aucune conclusion. Pourquoi donc, en effet, ne pas adorer Jupiter ? Les hommes du progrès ne s’étonnent pas pour si peu de chose ! Écoutez ces deux faits, plus instructifs l’un que l’autre. Le grand homme de l’Allemagne moderne, Gœthe, priait Jupiter tous les matins, et M. Renan, l’examinateur critique des religions, déclare qu’il n’en est pas surpris. Que faudrait-il donc pour le surprendre ? En fait d’abaissement, à quoi donc s’attend-il de la part de la philosophie hétérodoxe et panthéiste ? Que sera-t-elle réduite à faire pour étonner M. Renan, qui peut voir sans surprise Gœthe adorer Jupiter ?

Suivons bien l’enchaînement.

L’isolement est la solitude sans Dieu, Gœthe