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In ipso enim vivimus, movemur et sumus.

Car, en lui, nous avons la vie, le mouvement et l’être.

À cette parole, il me semble que j’entends rire beaucoup d’auditeurs. Nous l’entendrons un autre jour, disent-ils tout bas. Peut-être le trouvaient-ils presque innocent à force de le trouver absurde. Je les entends rire ; mais il me semble qu’à côté d’eux, j’entends le frémissement d’un homme. Cet homme s’est promené à Héliopolis, un certain jour, en compagnie d’Apollophane. Tous deux avaient remarqué que le soleil changeait ses habitudes. Il y a, dit Apollophane, une révolution dans les choses divines.

Ou Dieu souffre, répondit son ami, ou il compatit à la souffrance.

L’ami d’Apollophane siégeait à l’Aréopage, à côté de ceux qui riaient, pendant que parlait saint Paul. Je pense qu’au moment où vibra dans l’enceinte de l’Aréopage la voix qui disait : In ipso enim vivimus, movemur, et sumus, l’ami d’Apollophane, le disciple de la sagesse antique, qui allait devenir docteur de la Sagesse éternelle, Denys l’Aréopagite, qui allait s’appeler saint Denys, se souvint des ténèbres d’Héliopolis, des ténèbres du vendredi, et frémit, au fond de l’âme, sous le souffle de Dieu qui passait.


Ô notre maître à tous ! saint Denys, qu’on ne connaît pas, les grands hommes se sont