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réputation, s’il a décreté pour vous la gloire.

Il laisse la fusée tracer dans l’air son sillage presque invisible, puis, quand il l’a conduite bien haut dans le ciel, il la fait éclater au milieu des ténèbres, et les têtes se tournent là où elles voient le feu.

La réputation commence dans le bruit, la gloire dans le silence ; la réputation s’arrange dans le plaisir, la gloire se prépare dans les larmes.

Les hommes de la gloire sont peut-être ceux qui, sentant la personne humaine inférieure à ses destinées, s’abandonnent à l’Esprit qui souffle, plus confiants en lui qu’en eux ; ceux-là sont assez sages pour savoir que leur sagesse ne suffit pas à les conduire, et prêtent les mains à la sagesse invisible qui conspire avec les grands hommes pour accomplir par eux les grandes choses.

Dieu laisse, pendant qu’il dort, se faire les réputations.

Quand il se réveille, il fait apparaître des gloires.

La gloire a pour symbole naturel le soleil. Et pourtant elle obéit, dans son développement, à la loi du grain de sénevé.

Les réputations ressemblent à ces cris vides de sens poussés la nuit, dans les ténèbres, par des ivrognes qui se battent et ne s’entendent pas.

La gloire a le cachet de l’unité. Chaque gloire représente une idée. La réputation est l’œuvre du multiple. L’homme à réputation