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de vide, plein de vanité, oubliant qu’il doit élever les hommes à lui, c’est-à-dire vers l’idéal qu’il exprime, consent à descendre vers les hommes, non pas pour les attirer avec lui sur les hauteurs, mais pour demeurer avec eux dans les bas-fonds. Alors, au lieu de chercher la loi de l’art dans la loi éternelle et dans la vérité absolue, il a cherché sa loi dans le caprice du public. Au lieu de chercher à élever les hommes, il a cherché à leur plaire. L’artiste cherche à plaire ! quelle épouvantable dégradation ! Il faut toute l’habitude que nous avons des choses extraordinaires pour ne pas nous étonner de cette complaisance.

L’artiste qui flatte le public va vers la réputation.

L’artiste qui élève le public va vers la gloire.

La gloire vient d’en haut, la réputation d’en bas. La gloire est le rayonnement que la vérité dépose sur la tête de l’homme qu’elle a choisi. La gloire est le reflet de Dieu, à qui seul elle appartient en propre et essentiellement.

La réputation est l’œuvre de la réclame. La lumière ne préside pas à sa naissance.

Elle se forme et s’accroît souvent par des menées, par des intrigues ; elle connaît les voies souterraines.

La réputation suit le courant des opinions reçues ; la gloire va contre le courant.

La réputation s’avance en spirale et glisse comme le serpent, elle rampe pour s’insinuer ;