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En général, ceux qui se laissent diviser perdent la communion de l’amour, sont directement victimes de l’esprit des ténèbres, qui les calomnie les uns près des autres, qui les trompe, qui surtout crée entre eux des malentendus. Le malentendu est, dans l’ordre pratique, une des forces vives de l’esprit qui veut diviser. Le malentendu occupe, dans l’ordre pratique, la place qu’occupe l’ignorance dans l’ordre théorique.

Le malentendu a pour complices l’amour-propre et le silence. Il y a des mains faites pour se serrer, qui ne se serrent pas, parce que l’amour-propre et le silence s’entendent pour les paralyser. Il y a des hommes qui s’embrasseraient s’ils se parlaient : car ils s’apercevraient, en se parlant, que leurs âmes, unies par leurs désirs intimes et par les vérités divines, n’étaient séparées que par des fantômes et par des illusions diaboliques.

Que nous manque-t-il pour nous unir ? Ce n’est, je crois, ni la nécessité pratique, ni la splendeur idéale de l’amour qui fait défaut.

Quant à la nécessité pratique, je crois que, pour en douter, il faudrait n’exister pas. Il faudrait n’avoir jamais ouvert ni l’histoire des faits, ni celles des idées. Il faudrait oublier à la fois la métaphysique et la vie. Il faudrait ne pas voir et ne pas entendre. Il faudrait être sourd et aveugle en face des deux monstres qui ouvrent la gueule pour engloutir toutes choses, qui s’appellent le panthéisme et l’indifférence.